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Gabon : l’école dit adieu aux coefficients « surpondérés » pour sauver les élèves du redoublement

Le ministère de l’Éducation nationale a annoncé une réforme majeure pour l’année scolaire en cours : l’harmonisation des coefficients au secondaire. Une décision portée par la ministre Camélia Ntoutoume Leclercq, qui met fin à plus d’un demi-siècle de système inégalitaire.

Jusqu’ici, les mathématiques et le français, considérées comme matières prioritaires, étaient « surpondérées » dans le calcul des moyennes. Résultat : des milliers d’élèves, bons dans d’autres disciplines, se retrouvaient sanctionnés par de mauvaises notes dans ces matières. Selon les statistiques officielles, près de 35 % des élèves gabonais redoublent chaque année, un record en Afrique centrale, bien au-dessus du Sénégal (11 %) et du Cameroun (25 %).

L’Inspection générale des services estime que le système de coefficients variables a contribué au décrochage scolaire massif. En donnant un poids excessif à certaines disciplines, il a entretenu une hiérarchie des matières, creusant l’échec plutôt que de stimuler les vocations scientifiques. « En harmonisant les coefficients, les enfants vont développer leur vraie nature », explique Joachim Ondjila, inspecteur général des services.

Désormais, toutes les matières compteront de la même manière. Cette uniformisation s’inscrit dans l’Approche par les compétences (APC), récemment introduite au Gabon et déjà expérimentée en 6ᵉ et en 5ᵉ. L’idée est de valoriser l’ensemble des savoirs et de développer chez les élèves des compétences transversales, plutôt que de les enfermer dans une logique de « matières reines ».

La réforme présente plusieurs avantages. Elle devrait réduire l’échec scolaire, en allégeant le poids des sciences pour les élèves moins à l’aise dans ces disciplines. Elle promet aussi une éducation plus juste et plus équilibrée, dans laquelle chaque talent compte et chaque matière contribue à l’épanouissement global des apprenants. Enfin, elle favorise une plus grande inclusion, puisque toutes les disciplines auront la même valeur.

Contrairement aux critiques, cette réforme ne rendra pas les élèves plus « paresseux ». Au contraire, puisqu’aucune matière ne pourra être négligée, les apprenants devront travailler avec sérieux dans tous les domaines. De même, elle ne signe pas la fin des sciences : les élèves qui étaient faibles en mathématiques ou en physique le resteront, mais leurs aptitudes dans d’autres matières pourront désormais être valorisées.

Cette réforme s’inscrit dans la volonté des autorités de réduire de moitié le taux de redoublement d’ici 2026. Si les prévisions du ministère se confirment, l’uniformisation des coefficients pourrait entraîner une baisse immédiate de 15 % des redoublements.

Au-delà des chiffres, le Gabon espère enclencher un changement culturel : passer d’une école qui « élimine » à une école qui « accompagne ». Après plus de 55 ans d’un système jugé inéquitable, la réforme des coefficients se présente comme une étape décisive pour bâtir une éducation plus inclusive et équitable.

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